Du 30 Novembre au 11 Décembre 2015, le Père Abraham GHANABA, Directeur de la Caritas diocésaine et développement de Natitingou a représenté Caritas Bénin à la COP 21. Invité par le pôle plaidoyer International du secours Catholique Caritas France, le père Abraham a partagé l’expérience du réseau Caritas Bénin sur la protection de l’environnement et sur les techniques de régénération de sols dans le diocèse de Natitingou.

 

En effet au Bénin des actions sont entreprises par le réseau Caritas dans plusieurs diocèses pour aider les paysans, principales victimes des changements climatiques à planter et à protéger leurs sols car très souvent, leurs moyens de subsistance dépendent directement de l’environnement et des ressources naturelles. Dans ce cadre un projet de lutte contre la déforestation et d’application de technique de régénération des sols par des pratiques agro-écologiques est en cours depuis 2012 dans le diocèse de Natitingou avec l’Appui financier du secours Catholique de France. Ce projet qui porte ses fruits est né suite à l’insécurité alimentaire devenue inquiétante avec la mauvaise alternance des saisons, la météo devenue imprévisible, la pollution des sols et de l’air par les intrants utilisés pour la culture du coton, les feux de brousse qui sont devenus le moyen ordinaire et régulier de nettoyage des champs et qui détruisent les forêts et les habitations. Face à ce double défi climatique et alimentaire et à la souffrance des pauvres paysans laissés à eux-mêmes, le réseau Caritas a décidé d’agir en optant pour l’encouragement et le développement des techniques agriculturales traditionnelles déjà existantes dans les villages. Notre action n’est pas une invitation à un retour à l’âge de la pierre mais une invitation à la pratique d’une agriculture respectueuse de «  notre maison commune » selon les mots du Pape François. Dans ce sens des formations sont données aux paysans pour améliorer les techniques culturales respectueuses de l’environnement, des conseils sont donnés pour faire des cultures adaptées au milieu, des formations en agro-écologie pour produire avec moins d’intrants et si possible sans intrants en respectant le sol, l’air, l’eau, les animaux et les plantes. Enfin nous mettons en place des banques de céréales pour la gestion des récoltes et nous les aidons à installer des pompes solaires pour le maraichage et les cultures de contre saisons.

Notre participation à cette COP 21 était de montrer que chez nous des millions de pauvres paysans loin des grandes villes souffrent des conséquences des changements climatiques car leurs moyens de subsistance dépendent directement de l’environnement et des ressources naturelles. Dans toutes nos interventions nous avons souhaité que la solidarité soit mise en avant et que de vraies solutions soient trouvées et non des solutions guidées par l’intérêt comme le dit le Pape dans son Encyclique Laudato si : « Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. Il s’agit simplement de redéfinir le progrès. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès. » Il faut que des accords contraignants soient pris, des accords qui permettent de s’attaquer aux causes structurelles des changements climatiques car une transformation structurelle suppose que l’ensemble des acteurs s’y engage, citoyens, ONG, mouvements sociaux et entreprises et collectivités territoriales, mouvements d’Eglise .Il faut que les Etats s’engage sur des objectifs ambitieux, cohérents avec les exigences de justice climatique, de transition écologique et social ainsi que de solidarité internationale. Le Pape François nous exhorte dans les termes suivants dans Laudato si : « Ne pensons pas seulement au pauvres de l’avenir, souvenons-nous déjà des pauvres d’aujourd’hui, qui ont peu d’années à vivre sur cette terre et ne peuvent pas continuer d’attendre. C’est pourquoi, »au-delà d’une solidarité intergénérationnelle, l’urgente nécessité morale d’une solidarité intra-générationnelle renouvelée doit être réaffirmée. » C’est ce que le réseau Caritas Bénin essaie de faire au quotidien dans toutes ses actions avec les petits producteurs de nos villages. Vivement que les belles propositions portées par notre pays le Bénin à cette COP 21 soient mises en pratique pour le bonheur de nos populations et que les initiatives locales des organisations sérieuses soient encouragées.

Abbé Aristide GHANABA